L’incroyable navire-énergie de Farwind Energy au large des Caraïbes
L’idée de rupture de Farwind Energy pour décarboner les énergies ? En créer à partir du vent en haute mer, un gisement exceptionnel aujourd’hui inexploité. Philippe Baclet, Directeur Conversion et Stockage de l’énergie de l’entreprise nous explique le potentiel impressionnant de cette innovation, qui se développe actuellement aux Caraïbes avec le projet européen MAGHIC (Maritime Green H2 Infrastructure in the Eastern Caribbeans).
Farwind Energy, spin-off de Centrale Nantes, a inventé une solution d’énergie renouvelable, stockée et mobile. Son navire-énergie navigue de manière autonome grâce à une innovation technologique dont certaines briques sont protégées, comme les « rotors Flettners ». Ces tubes en composite de 7 m de diamètre et de 50 m de haut transforment l’énergie du vent en force propulsive (comme des voiles). Cette énergie est ensuite elle-même convertie en électricité par les hydroliennes situées sous la coque du bateau. Le navire étant mobile, l’électricité est stockée à bord dans des batteries ou convertie en hydrogène vert, avant d’être transférée dans le port de référence.
Cette innovation présente des atouts de taille par rapport à des solutions fixes de production d’énergie, entre autres par sa mobilité :
- Le navire est dirigé en temps réel vers les zones en haute mer où les conditions de vent sont les meilleures. Cette ressource inépui- sable est donc exploitée au maximum, générant des coûts de production compétitifs.
- Les frais de transports sont quasi inexistants, puisque le navire-énergie produit en naviguant. Les ports deviennent alors des hubs de stockage mais aussi de distribution, les bateaux et les camions venant s’y ravitailler, décarbonant ainsi l’industrie et le secteur du transport.
- Le déploiement du navire-énergie peut se faire très rapidement, car il ne nécessite pas de demande d’autorisation de site et ne crée pas de conflits d’usage en mer.
Récemment, l’équipe de Farwind Energy a pris de la vitesse en lançant le projet MAGHIC avec 4 autres acteurs. Soutenu à hauteur de 1,76 million d’euros par le fond FEDER de l’Union Européenne dans le cadre du programme Interreg Caraïbes, le projet a pour objectif d’étudier la mise en oeuvre d’une nouvelle filière énergétique en hydrogène vert produit en mer, couplée à une infrastructure terrestre de déchargement, de stockage et de distribution dans les ports des Caraïbes (Guadeloupe, Martinique et Sainte-Lucie). Les îles, où l’énergie est très carbonée et chère à produire, représentent un marché d’amorçage idéal pour Farwind Energy. « La multiplicité des îles, les Alizés présents toute l’année, le nombre de clients potentiels, l’association avec les Grands Ports Maritimes de la Guadeloupe et de la Martinique sont des facteurs plus que favorables. Un seul navire-énergie pourrait alimenter tout l’arc caribéen : avec une production d’une tonne par jour, la mutualisation entre plusieurs sites et utilisateurs est totalement envisageable ! » précise Philippe Baclet.
Prochaine étape pour Farwind Energy, qui compte désormais une vingtaine de collaborateurs : la construction du premier navire-énergie en 2025, avec une mise à l’eau en 2026, pour une production électrique estimée à 10 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de 4 500 personnes en France.
Farwind Energy, incubé à Centrale – Audencia – Ensa et accompagné par Atlanpole, a été lauréat de nombreux appels à projets régionaux, nationaux et européens. En Pays de la Loire notamment, Farwind Energy a été lauréat de l’appel à projets React-EU co-financé par le fond FEDER, du projet Farmotion avec Loire-Tech mais aussi d’un concours Résolutions Pays de la Loire, animé par Solutions&co, qui lui a permis de travailler avec des partenaires innovants sur des solutions de bouées de déchargement de l’énergie produite. L’entreprise a également bénéficié d’une bourse French Tech Emergence et a été lauréat du concours i-lab, 2 dispositifs portés par Bpifrance.
