L’intelligence artificielle au service de la santé des vignes de Saumur-Champigny
La flavescence dorée est une maladie de la vigne qui représente un véritable fléau : son apparition sur les cépages signifie une perte de production, elle est très contagieuse et la détecter fait perdre un temps considérable aux vignerons. L’appellation Saumur-Champigny, par le biais de son Syndicat, a décidé de tester une innovation digitale pour lutter contre cette nuisance. Alban Foucher, co-président de l’appellation, Antoine Véron, élu responsable des dossiers techniques au Syndicat des Producteurs de Saumur-Champigny et Marie-Anne Simonneau, animatrice et cheffe de projet du Syndicat partagent leurs retours d’expérience.
La flavescence dorée apparaît à la plus mauvaise des périodes pour les vignerons : juste avant les vendanges. Jusqu’alors, les 120 producteurs du Syndicat devaient parcourir leurs 1 600 hectares de vignes à pied pour vérifier si la maladie n’apparaissait pas. À l’automne 2022, le Syndicat de Saumur-Champigny a testé une méthode de prospection des symptômes de la flavescence dorée par l’utilisation des technologies d’imagerie et d’intelligence artificielle, développée par Chouette Vision. Cette start-up conçoit des solutions numériques uniquement pour le secteur viticole, notamment pour la surveillance quotidienne des vignes (détection de pieds manquants, mildiou…) via deux méthodes : drone ou caméra embarquée.
Le Syndicat a testé les deux solutions, sur deux exploitations. Sans hésitation, l’équipe privilégie la caméra embarquée directement dans la machine à vendanger, jugée plus précise, plus autonome et moins contraignante puisqu’il n’y a pas d’autorisations de vol à obtenir. Concrètement, lorsque la machine à vendanger arrive sur une parcelle précédemment enregistrée, la caméra intégrée se déclenche automatiquement et l’intelligence artificielle détecte si des feuillages sont rouges (l’un des premiers symptômes de la maladie). Si c’est le cas, l’équipe de Chouette Vision envoie directement l’information au vigneron via une application dédiée. Ce dernier est alors invité à vérifier la présence
des autres signes confirmant le diagnostic. Si ce dernier est confirmé, le producteur doit envoyer un échantillon en laboratoire pour valider la présence de la maladie.
Les résultats de cette première expérience sont concluants ! « On gagne un temps précieux en volume de vignes prospectées et cela évite de parcourir toute l’exploitation juste avant les vendanges. » affirme Antoine Véron. Au-delà du gain de productivité, cette solution réduit la pénibilité du travail, un facteur d’attractivité pour un secteur qui, comme tant d’autres, connaît des difficultés de recrutement.
« L’innovation numérique nous offre la possibilité de transformer notre métier en améliorant la qualité de vie au travail : avec des machines robotisées, des tracteurs autonomes pour l’entretien des sols ou encore le désherbage mécanique… c’est notre mission d’anticiper ce que sera le métier de vigneron demain » expliquent Marie- Anne Simonneau et Alban Foucher.
Cette expérience aura également permis de renforcer les liens entre les vignerons, en activant la lutte collective pour combattre la propagation de la flavescence dorée. Pour mener cette exploration, le Syndicat a sollicité, par le biais de Végépolys Valley dont il est adhérent, une aide PL2I (Pays de la Loire Initiative Innovation) de la Région des Pays de la Loire et de Bpifrance qui permet de financer le test de solutions innovantes, avant de les déployer à plus grande échelle.
